Histoplasmose africaine chez un enfant en Guinee: a propos d’un cas

[African histoplasmosis in a child in Guinea: About a case]

Boh Fanta Diané, Mamadou Diouldé 1 Kanté, Fatimata Keita, Moussa Savané, Mariam Touré, Mohamed Maciré Soumah, Moussa Keita, Thierno Mamadou Tounkara, Mohamed Cisse

1Department of Dermatology-Venerology Donka National Hospital, Conakry, Guinea, 2Faculty of Health Sciences and Techniques, Gamal Abdel Nasser University of Conakry, Guinea

Corresponding author: Mamadou Diouldé 1 Kanté, MD, E-mail: diouldekante18@gmail.com

How to cite this article: Diane BF, Kante MD1, Keita F, Savané M, Touré M, Soumah MM, Keita M, Tounkara TM, Cisse M. African histoplasmosis in a child in Guinea: About a case. Our Dermatol Online. 2023;14(Supp. 2):46-49.
Submission: 21.07.2023; Acceptance: 27.08.2023
DOI: 10.7241/ourd.2023S2.4

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ABSTRACT

African histoplasmosis is a rare deep mycosis caused by two varieties of Histoplasma capsulatum (capsulatum and duboisii). We report a case of histoplasmosis in an immunocompetent child. 6-year-old female patient, hospitalized for poor general condition, fluctuating inflammatory swelling of the lower limb evolving for 4 months. The clinical examination revealed in an altered and febrile patient, papulo-nodular lesions of variable size, fluctuating in places, disseminated umbilical predominantly on the trunk, the root of the upper and lower limbs. There were also axillary and inguinal lymphadenopathy and osteo-articular involvement. X-ray of the right lower limb revealed osteomyelitis. Histopathology of the biopsied nodule confirmed African histoplasmosis. The rarity of African histoplasmosis in our country corroborates current data from the literature, however this could also be due to an underdiagnosis often influenced by self-medication.

Key words: Histoplasmosis; African; Disseminated; Child


RESUME

L’histoplasmose africaine est une mycose profonde rare causée par deux variétés d’Histoplasma capsulatum (capsulatum et duboisii). Nous rapportons un cas d’histoplasmose chez un enfant immunocompétent. Patiente âgée de 6 ans, hospitalisée pour une altération de l’état général, une tuméfaction inflammatoire fluctuante du membre inférieur évoluant depuis 4 mois. L’examen clinique mettait en évidence chez un patient altéré et fébrile, des lésions papulo-nodulaires de taille variable, fluctuante par endroit, ombiliquées disséminées prédominant sur le tronc, la racine des membres supérieurs et inférieurs. On retrouvait également des adénopathies axillaires, inguinales et une atteinte ostéo-articulaire. La radiographie du membre inférieur droit a mis en évidence une ostéomyélite. L’histopathologie du nodule biopsié a confirmé une histoplasmose Africaine. La rareté de l’histoplasmose africaine dans notre pays corrobore aux données actuelles de la littérature cependant ceci pourrait être due aussi à un sous diagnostic influencé souvent par l’automédication.

Mots clés: Histoplasmose; Africaine; Disséminée; Enfant


INTRODUCTION

L’histoplasmose africaine est une mycose profonde rare, due à Histoplasma Capsulatum var. duboisii. Elle peut être localisée ou disséminée et elle atteint plusieurs organes parmi lesquels la peau, les ganglions et l’os [1]. Elle sévit de façon endémique dans les régions au climat chaud et humide de l’Afrique occidentale, centrale et à Madagascar [2–4]. Nous rapportons la première observation d’une histoplasmose chez un enfant immunocompétent en Guinée.

OBSERVATION

Il s’agit d’une fille âgée de 6 ans, élève, sans antécédent pathologique particulier en provenance de la région forestière Guinéenne, hospitalisée pour une altération de l’état général, une tuméfaction inflammatoire fluctuante du membre inférieur droit associée à une impotence fonctionnelle le tout évoluant depuis 4 mois environ. Elle aurait pris en automédication de l’Amoxicilline pendant 4 semaines et une phytothérapie en bain et per os avant son hospitalisation. L’examen clinique mettait en évidence chez un patient altéré et fébrile, des lésions papulo-nodulaires de taille variable, ferme de consistance et fluctuante par endroit, ombiliquées disséminées sur tout le tégument prédominant sur le tronc, la racine des membres supérieurs et inférieurs (Fig. 1a). Les muqueuses buccale et génitale étaient épargnées. On retrouvait également des adénopathies d’allure inflammatoire bilatérale axillaires et inguinales et une déformation axiale du membre inférieur droit, associée à une atteinte articulaires des coudes et genoux gênant ainsi toutes mobilités des membres (Fig. 1b). Le reste de l’examen clinique en particulier pulmonaire et neurologique était normal.

Figure 1: (a) Lésions papulo-nodulaires ombiliquées sur le tronc avant initiation du traitement. (b) Tuméfaction inflammatoire bilatérale des genoux avant initiation du traitement.

Le bilan sanguin réalisé comprenant la biochimie, l’IDR à la tuberculine, la sérologie rétrovirale, l’électrophorèse de l’hémoglobine et le Gen X-pert sur le pus était normal. La numération formule sanguine et plaquette montrait une anémie normocytaire normochrome de 9g/dl. La radiographie du membre inférieur droit montrait une ostéomyélite associée à une déformation axiale. Ceci a motivé un avis spécialisé pour une prise en charge multidisciplinaire.

L’examen histologique du nodule biopsié a mis en évidence un dense infiltrat granulomateux diffus dans le derme, polymorphe avec de nombreuses cellules géantes multinucléées et des plasmocytes. De nombreux organismes de grande taille, ovoïdes ou levureformes siégeant au sein et en dehors des macrophages du granulome. Ces corps PAS positifs au centre sont entourés d’un halo clair périphérique correspondant à la paroi externe des levures (Figs. 2a et 2b) correspondant à l’aspect de celui d’une histoplasmose à grande levure (Africaine). Compte tenu de la rupture de l’amphotéricine B injectable dans notre contexte, le fluconazole à raison de 4mg/kg/jour a été administré par voie orale associé à un drainage chirurgical du nodule abcédé de la jambe. L’évolution était favorable après douze (12) semaines de traitement.

Figure 2: (a) Dense infiltrat granulomateux diffus dans le derme, polymorphe avec de nombreuses cellules géantes multinucléées et des plasmocytes (Grossissement × 40). Nombreux organismes de grande taille, ovoïdes ou levureformes siégeant au sein et en dehors des macrophages du granulome (Grossissement × 100).

DISCUSSION

L’histoplasmose à Histoplasma capsulatum var. duboisii ou histoplasmose à grandes formes est une affection rare mais non exceptionnelle en Afrique [5,6]. Cette rareté pourrait probablement s’expliquer par une errance diagnostique fréquente. En Guinée, à notre connaissance aucune étude antérieure n’a été faite sur l’histoplasmose; nous rapportons le premier cas d’histoplasmose chez un enfant immunocompétent histologiquement confirmé. En Afrique plusieurs cas d’histoplasmoses ont été décrits chez des enfants immunocompétents [1,5,7–10]. Au Togo dix-sept cas d’histoplasmoses africaines ont été diagnostiqués en 15 ans confirmant le faible taux d’incidence de cette maladie en Afrique ainsi que dans d’autres continents [4,7,11]. L’histoplasmose africaine sévit dans le continent africain entre 20o de latitude nord et 20o de latitude Sud, et à Madagascar [4,12]. Comme le nôtre, venu de la région sud de la guinée qui est une zone humide, à Madagascar des cas ont été rapportés dans les zones à climat tropicale et humide [4]. Bien que les données de la littérature montrent une prédominance masculine au cours de l’histoplasmose africaine [2,4,5,8–11]; le genre féminin n’est pas épargné comme c’est le cas de notre patiente âgée de six ans. En Afrique, les études menées sont des rapports de cas cliniques et la fréquence réelle des histoplasmoses n’est pas connue [4,13,14]. La plupart des cas d’histoplasmose africaine rapportés dans la littérature ont été observés chez les enfants de moins de quinze ans [5,9] concordant avec le nôtre. Notre patiente présentait des localisations typiques de l’histoplasmose africaine. Comme dans la littérature [4,5,10]; nous avons noté une atteinte multifocale associant une localisation cutanée diffuse, ostéo-articulaire et ganglionnaire chez notre patiente. Elle présentait un polymorphisme lésionnel associant de nodules, papules, abcès avec une dissémination des lésions sur la quasi-totalité du tégument. L’atteinte ostéoarticulaire était marquée par des douleurs très intenses entrainant une déformation des membres inférieurs. Ces différentes localisations décrites chez notre patiente concordent à certaines données rapportées dans la littérature [5,7]. Le diagnostic de certitude de l’histoplasmose africaine repose sur l’analyse histologique des biopsies cutanées et/ou de l’examen mycologique du pus [5,9]. Tel était notre cas, L’examen anatomopathologique a permis de confirmer le diagnostic en mettant en évidence à la microscopie un infiltrat diffus dans le derme polymorphe avec de nombreuses cellules géantes multinucléées parfois spumeuses. De nombreux organismes de grande taille ovoïdes ou levureformes siégeant aussi bien au sein et en dehors des macrophages. Ces corps PAS positifs au centre sont entourés d’un halo clair périphérique correspondant à la paroi externe des vaisseaux.

CONCLUSION

La fréquence de l’histoplasmose africaine est très faible au service de dermatologie vénérologie du CHU Donka. La rareté de cas observé dans notre service pourrait être due à un sous diagnostic et l’utilisation du fluconazole reste une alternative possible dans les pays où l’amphotéricine B est souvent en rupture comme le nôtre.

Consent

The examination of the patient was conducted according to the principles of the Declaration of Helsinki.

The authors certify that they have obtained all appropriate patient consent forms, in which the patients gave their consent for images and other clinical information to be included in the journal. The patients understand that their names and initials will not be published and due effort will be made to conceal their identity, but that anonymity cannot be guaranteed.

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