Le Syndrome H : Deux nouveaux cas marocains

[H Syndrome: Two new morrocan cases]

Cyrine Marmech1, Fatima Zahra El Fetouaki1, Abdelhamid Barakat2, Hayat Skalli1, Soumiya Chiheb1

1Department of Dermatology and Venereology, CHU Ibn Rochd, Hassan II University, Casablanca, Morocco, 2Medical Genetics Laboratory, Pasteur Institute, Casablanca, Morocco

Corresponding author: Cyrine Marmech, MD, E-mail: Cyrine.marmech1992@gmail.com

How to cite this article: Marmech C, El Fetouaki FZ, Barakat A, Skalli H, Chiheb S. H Syndrome: Two new morrocan cases. Our Dermatol Online. 2022;13(Supp. 2):49-53.
Submission: 04.06.2022; Acceptance: 11.08.2022

DOI:10.7241/ourd.2022S2.6

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ABSTRACT

H Syndrome is a rare genodermatosis of autosomal recessive inheritance characterised by the presence of cutaneous and systemic manifestations. This syndrome is due to a mutation in the SLC9A3 gene encoding the hENTt3 transport protein. Still little known and rare, its diagnosis is difficult. Nearly 100 cases of H syndrome have been described, the majority of which were from Arab countries. The possible occurrence of other undiagnosed or misdiagnosed cases of syndrome H is highly probable due to the common features shared with other syndromes. We report two new cases of H syndrome from Morocco. One of them presents a unique association with celiac disease which has not been previously reported. The dermatologist’s main goal is to diagnose the condition and enable appropriate follow-up and genetic counselling.

Keywords: H syndrome; SLC9A3; hENT3; histiocytose


RÉSUMÉ

Le H syndrome est une génodermatose rare de transmission autosomique récessive caractérisée par la présence de manifestations cutanées et systémiques. Ce syndrome est dû à une mutation du gène SLC9A3 codant pour la protéine de transport hENTt3. Encore peu connu et rare, son diagnostic est difficile. Près de 100 cas de syndrome H ont été décrits, la majorité d’entre eux provenant des pays arabes. La présence possible d’autres cas non diagnostiqués ou mal diagnostiqués du syndrome H est hautement probable en raison des caractéristiques communes partagées avec d’autres syndromes. Nous rapportons deux nouveaux cas de syndrome H au Maroc. L’un d’eux présente une association unique avec la maladie cœliaque qui n’a pas été rapportée auparavant. L’objectif principal du dermatologue est de diagnostiquer l’affection et de permettre un suivi et un conseil génétique approprié.

Mots clés: Syndrome de H; SLC9A3; hENT3; histiocytose


INTRODUCTION

Le syndrome H est une maladie à transmission autosomique récessive secondaire à des mutations du gène SLC29A3 codant pour la protéine de transport nucléotidique hENT3. Encore peu connu et rare, son diagnostic est difficile. Nous rapportons deux nouvelles observations de syndrome H chez deux enfants marocains.

OBSERVATIONS

Cas clinique 1: Un jeune garçon de 18 ans, issu d’un mariage consanguin, consultait pour des lésions pigmentées des membres inférieurs non prurigineuses évoluant depuis 2 ans. L’examen clinique trouvait des plaques pigmentées morphéïformes légèrement infiltrées, pileuses en leur centre, localisées de façon symétrique sur les membres inférieurs (Fig. 1). Il mesurait 1,55 cm et présentait des déformations articulaires à type d’orteils en griffe et de pied bot à droite avec des pieds plats des deux côtés. Le patient n’avait ni anomalie cardiaque, ni hépatosplénomégalie ni troubles de l’audition. L’examen histologique d’une biopsie cutanée montrait une fibrose du derme avec infiltrats lymphoplasmocytaires périvasculaires superficiels et profonds marquant fortement le CD8 et un épiderme normal. Devant l’association de lésions cutanées pileuses et pigmentées et de déformations articulaires, le syndrome H a été suspecté. L’analyse moléculaire du gène SLC29A3 montrait la présence de 2 mutations hétérozygotes. L’étude familiale confirmait la ségrégation des mutations avec le phenotype

Figure 1: Patient 1 : Plaques pigmentées et pileuses des membres inférieurs [Patient 1: Pigmented and hairy plaques of the lower limbs].

Cas clinique 2: Une fillette de 12 ans, issue d’un mariage consanguin était adressée par son pédiatre pour des lésions hyperpigmentées des membres inférieurs et de l’abdomen progressant depuis 3 ans. Elle était suivie pour maladie coeliaque et présentait une anémie avec retard staturo-pondéral. L’examen clinique trouvait des placards hyperpigmentés surmontés de poils, indurés et symétriques au niveau des membres inférieurs (Fig. 2a) arrivant à la partie inférieure de l’abdomen. On notait également une infiltration pubienne (Fig. 2b) et un hallux valgus (Fig. 2c) et une déformation en boutonnière des derniers doigts (Fig. 2d). L’examen histopathologique d’une lésion pigmentée montrait un infiltrat dense en cellules histiocytaires et de multiples plasmocytes associé à de la fibrose au niveau du derme profond et du tissu adipeux. L’immunohistochimie révélait une forte expression de CD68 et S100. La recherche d’anomalies endocriniennes, cardiaques, auditives était négative. La mutation SLC29A3 retrouvée précédemment chez des patients marocains porteurs de cette génodermatose n’a pas été performée

Figure 2: (a): Patiente 2 : Plaques pigmentées scléreuses des membres inférieurs [Patient 2 : Pigmented sclerotic plaques of the lower limbs] (b): Patiente 2 : Infiltration pubienne [Patient 2 : Pubic infiltration] (c): Patiente 2 : Hallux valgus [Patient 2: Hallux valgus] (d): Patiente 2 : Déformation en boutonnière des derniers doigts [Patient 2: Buttonhole deformity of the last fingers].

DISCUSSION

Le syndrome H est une génodermatose à transmission autosomique récessive secondaire à des mutations du gène SLC29A3 codant pour la protéine de transport nucléotidique hENT3. Il est actuellement considéré comme une nouvelle forme d’histiocytose systémique, associant des manifestations cutanées et extra-cutanées. Les signes cutanés caractéristiques de cette maladie apparaissent durant la première et la deuxième décennie. Il s’agit essentiellement de plaques hyperpimentées scléreuses surmontées de poils symétriques touchant classiquement les membres inférieurs et la partie basse de l’abdomen. Ces plaques respectent les genoux. Les manifestations systémiques consistent en un retard statural, une hypoacousie, une hyperglycémie, un hypogonadisme, une hépatosplénomégalie et diverses anomalies cardiaques. Chez les hommes, une infiltration scrotale est caractéristique, et pourrait être responsable d’une stérilité par compression mécanique. Les manifestations articulaires sont fréquentes et associent des déformations en flexion de l’IPP et en extension des IPD (simulant une déformation en boutonnière) [1]. Au niveau des membres inférieurs on observe des anomalies type pieds plats avec hallux valgus comme retrouvé chez nos deux patients. Des troubles hématologiques ont également été décrits, notamment une anémie sévère avec pancytopénie, et myélofibrose. D’autres manifestations cliniques sont récemment décrites au cours de ce syndrome: une insuffisance pancréatique exocrine, [2] des épisodes fébriles récurrents, [3] et une agénésie complète de la veine cave inférieure avec varices [4]. Dans la série de Molho-Pessach, une adénopathie périphérique était présente chez 24% des patients atteints de syndrome H. Les ganglions inguinaux, cervicaux et axillaires étaient les plus fréquemment touchés [4]. Ces adénopathies peuvent être généralisées ou localisées. Une atteinte ganglionnaire diffuse comme observée dans la maladie de Rosai-Dorfman (RDD) peut également être retrouvée. Chez nos deux patients aucune adénopathie n’a été palpée. L’association à une maladie coeliaque comme retrouvée chez la deuxième patiente n’a pas été rapportée auparavant. Histologiquement, on note une fibrose dermique et sous cutanée, associé à un infiltrat lymphohistiocytaire exprimant CD68, CD34 et facteur XIIIa. [5]. Ces caractéristiques histopathologiques similaires à celles du syndrome de Rosai Doffman, notamment l’expression du CD68 + S100 + CD1a – par les histiocytes. [6], pourraient suggérer un mécanisme pathogénique commun pour ces deux entités.

La mutation responsable de la survenue du syndrome H intéresse le gène SLC29A3 codant pour le transporteur nucléosidique 3 (hENT3), de la famille des transporteurs nucléosidiques (ENT) [7,8] qui agit comme transporteur des nucléosides. Ce transporteur a été initialement localisé dans les lysosomes [9], mais il a été récemment démontré qu’il est fortement exprimé dans les mitochondries [10]. Des publications ont démontré qu’en plus du syndrome H, trois autres pathologies seraient secondaires à des mutations récessives du gène SLC29A3: l’hypertrichose pigmentée avec diabète sucré insulino-dépendant (syndrome de Rabson Mendenhall), la maladie de Rosai-Dorfman (RDD) et l’histiocytose de Faisalabad. Par conséquent, on pourrait considérer ces quatre entités comme étant une même maladie avec différentes expressions phénotypiques [11].

Aucune corrélation entre le type de mutation ou sa position et la gravité du phénotype n’a été retrouvée. Des présentations monosymptomatiques ont été rapportées [12,13]. Ces présentations pauci symptomatiques pourraient ne pas être évocatrices du diagnostic.

Près de 100 cas de syndrome H ont été rapportés jusqu’à ce jour, majoritairement originaires de pays arabes [13] avec 10 cas indiens. La possibilité d’existence d’autres cas de syndrome H non ou mal diagnostiqués est très probable en raison de la présence de manifestations communes avec d’autres syndromes [14]. Les principaux diagnostics différentiels à évoquer devant des plaques hyperpigmentées pileuses avec manifestations systémiques sont le syndrome de POEMS qui regroupe une polyneuropathie, une organomégalie, et une endocrinopathie, et le syndrome de Winchester, une affection autosomique récessive qui associe une ostéolyse diffuse, une ostéoporose sévère et une arthropathie progressive. Les manifestations associées regroupent une petite taille, une opacité cornéenne et une hypertrophie gingivale ainsi que des plaques pigmentées scléreuses.

Il n’existe aucun traitement curatif pour cette pathologie. Le rôle du dermatologue reste important pour poser le diagnostic. Sa reconnaissance permet d’adapter le suivi et le conseil génétique.

CONCLUSION

Le syndrome H, rare et peu connu des dermatologues. Le clinicien devrait l’intégrer à son diagnostic différentiel de placards indurés hyperpigmentés des membres inférieurs. Poser ce diagnostic devrait permettre d’éviter au patient un traitement immunosuppresseur inefficace et de proposer un conseil génétique adapté.

Consent

The examination of the patient was conducted according to the principles of the Declaration of Helsinki.

The authors certify that they have obtained all appropriate patient consent forms, in which the patients gave their consent for images and other clinical information to be included in the journal. The patients understand that their names and initials will not be published and due effort will be made to conceal their identity, but that anonymity cannot be guaranteed.

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Notes

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